Le plus jeune entraîneur de l'UEFA est âgé de vingt-trois ans et il a récemment été nommé à la tête de l'Angels FC à Gibraltar. Cela fait pourtant deux ans que Lewis Fraser a débarqué sur le Rocher, aujourd'hui l'écossais commence à faire parler de lui. TLMSF a pu échanger avec ce jeune homme sur son parcours, le football gibraltarien ou encore le respect dans le vestiaire.
Lewis, vous êtes arrivés cette saison à l'Angels FC au milieu d'un champ de ruines. Pourquoi avez-vous accepté ce challenge ?
Je sais comment le football fonctionne. C'est difficile aujourd'hui pour tout entraîneur d'avoir un poste de manager dans n'importe quelle équipe, notamment pour un homme de vingt-trois ans qui n'a jamais joué un match. Quand on m'a offert ce poste, je savais que la tâche serait difficile. Après une semaine de réflexion, je savais que j'étais prêt à assumer cette fonction.
Entraîneur à vingt-trois ans, c'est original, surtout à Gibraltar. Pourquoi cette décision de passer votre carrière de joueur ?
C'est probablement la question la plus simple que vous deviez me poser. Je n'étais juste pas très bon. Je savais que dès que ma carrière d'entraîneur prendrait le pas sur mes capacités de joueur, ce serait le moment de se concentrer sur une activité seulement. J'aime toujours jouer quand je peux. Quelques fois, je dispute des matchs amicaux.
Où et quand avez-vous débuté votre carrière ?
J'ai commencé à entraîner quand j'étais jeune, à l'âge de seize ans, quand je jouais pour Barrow. Ensuite, j'ai étudié en Science du sport et coaching à l’université et à partir de là, j'ai entraîné le Riverside FC, une équipe de niveau district, et c'est là que j'ai commencé à faire mes premiers bagages comme entraîneur. Cela m'a conduit à un stage au sein de Perborough United où j'étais impliqué dans la formation et l'analyse des matchs.
Comment un jeune homme comme vous est-il arrivé à Gibraltar ?
J'ai travaillais à Hibernian, chez moi en Écosse, pendant un certain temps et l'occasion de déménager à Gibraltar s'est présentée. J'ai eu la chance d'avoir un ami de l'université qui m'a convaincu et qui m'a aidé à déménager. Il y a le soleil, je ne pouvais pas dire non.
Et vous allez travailler avec Lincoln.
Oui Lincoln m'a offert l'opportunité de travailler sur les analyses de match et avec les U17 à travers Mike McElwee. Ça était une excellente occasion de découvrir le football gibraltarien dont je ne savais pas grand chose avant. J'ai également joué pour l'équipe B de Lincoln, Les Red Imps.
Comment définissez-vous le football à Gibraltar ?
Totalement unique. Pour un si petit endroit, le niveau standard est au-dessus de ce vous attendez. Le football pratiqué ici est joué avec un bon style. Gibraltar a un énorme potentiel.
Retour à vous Lewis. Pour votre deuxième match à la tête de l'Angels, vous avez perdu 20-1 face au Gibraltar Phoenix. Est-ce que c'est du passé ou il y a toujours un traumatisme ?
C'est toujours un traumatisme. Vous venez juste de rendre ce souvenir encore plus douloureux rien qu'en le mentionnant (rires). Écoutez, c'est bien de regarder en arrière, nous venons de là, nous avons commencé au niveau le plus bas. Il y a encore beaucoup de travail à faire mais cela ne se reproduira pas dans ce club tant que je suis à sa tête.
Aujourd'hui, l'Angels FC est septième de la deuxième division. Avez-vous des objectifs pour la saison prochaine ? Ramener le club en première division ?
Je suis un gagnant. La saison prochaine, quelque chose d'autre que la montée sera considéré comme un échec. Moi et mon équipe sommes engagés vers les mêmes objectifs. Nous avons déjà commencé à travailler sur le prochain exercice.
Quelle relation avez-vous avec votre président, le français Josh Lhote ?
Nous sommes très proches. Il y a beaucoup de confiance entre nous deux, ce qui est une bonne chose. J'ai la capacité de prendre une décision qui sera toujours soutenue par la direction. Sans lui, nous ne serions pas sortis du désordre du début de saison.
Êtes-vous soutenu par d'autres personnes ici ?
Mon autre moitié Kitty Dick m'a donné des conseils, quand je suis rentré à la maison ce week-end, notamment pour rejoindre MSM Football (ndlr : une société d'agents de joueurs) mais c'est probablement juste parce qu'elle veut devenir une WAG (ndlr : Femme d'un footballeur ou sportif professionnel).
Plusieurs joueurs ont quitté l'Angels FC cet hiver et d'autres sont arrivés. Pourquoi ce choix de changer complètement votre effectif ?
Ils avaient la chance de me prouver qu'ils avaient une bonne attitude pour jouer avec nous. Vous pouvez avoir toutes les capacités du monde mais si vous n'avez pas la bonne attitude, vous ne serez pas là. C'était une décision osée pour moi de faire mon premier mercato mais cela a été travaillé. Le moral du vestiaire n'a jamais été aussi bon.
Dans votre équipe, vous avez un français, Clément Loubière. Que pensez-vous de lui ?
Clément est un bon joueur. Nous avons eu beaucoup de chance de le signer bien que je ne peux pas recevoir le crédit de cette venue. Mon assistant Steven Gallagher, qui a été absolument brillant, a réussi à convaincre Clément de nous rejoindre.
Il y a aussi David Wilson (ndlr : entraîneur des Bruno's Magpies). Nous avons un nouveau duel à Gibraltar (ndlr : L'Angels et les Bruno's Magpies ont monté une petite rivalité entre leurs deux équipes en raison de la nationalité de leurs entraîneurs) !
(rires) C'est génial d'avoir un autre entraîneur écossais ici. Nous avons des manières d'entraîner similaires. Je pense que l'Angels et les Bruno's aiment avoir une rivalité par l'intermédiaire des réseaux sociaux. Après le match (défaite 8-1), David m'a même acheté une bière, ce qui est inouï venant des gens de l'ouest de l’Écosse. Nous les appelons les tendus. (rires). J'attends avec impatience mon baiser de Glasgow maintenant.
A vingt-trois ans, comment faites vous pour avoir le respect de vos joueurs ?
Habituellement, j'utilise certaines astuces pour avoir l'air plus vieux que vingt-trois ans ; de toute façon la moitié de l'effectif n'a probablement même pas réalisé (rires). Plus sérieusement, les joueurs vous respectent pour ce que vous faites et dites sur le terrain d'entraînement et dans les vestiaires. Encore une fois nous allons revenir au mois de janvier, si un joueur n'a pas l'attitude, je n'ai pas peur de prendre de grandes décisions. Et les joueurs respectent ça.
Merci à Lewis Fraser pour sa disponibilité, TLMSF lui souhaite le meilleur pour la suite de sa carrière!

Lewis Fraser (à droite) en compagnie de David Wilson (à gauche) entraîneur des Bruno's Magpies. Crédit photo : Magpies Fanzone.
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